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L’exemple du Four solaire :

Le bois manque et le soleil tape !


A plusieurs reprises, dans les débats du week-end, Karim, un passionné ivoirien va argumenter sur les atouts d’un outil culinaire simple, le four solaire. Simple, efficace, économe, et pourtant boudé par les populations … Pourquoi ?


Il a 39 ans, il est ivoirien, réfugié quelques années au Mali au moment du conflit en Côte d’Ivoire. Militant, il crée une école dans un quartier pauvre de Bamako, et, exilé depuis deux ans en Haute Loire, fonde la « Case à Palabre », une association destinée à promouvoir l’usage du four solaire dans les pays où le bois manque et le soleil tape.


Constat 1 : 80 % de la population pauvre africaine cuisine sur des poêles à bois, faute d’argent pour payer la bouteille de gaz.

Constat 2 : le bois manque de plus en plus. Il y a dix ans, il suffisait de chercher le bois mort autour de la maison. Aujourd’hui, le bois mort n’existe plus, et il faut faire des kilomètres pour aller couper des arbres vivants, rôle dévolu à la femme, et à son adjointe de toujours, la petite fille, qui du coup, ne va pas à l’école. Pire, une économie marchande autour de la vente de fagots à vils prix (4000 francs CFA, soit 6 € un tout petit fagot, salaire moyen : 30 000 francs CFA !) s’est développée.

Constat 3 : Ainsi des familles ne peuvent plus manger, car elles n’ont pas l’argent pour acheter le bois nécessaire à la cuisson du riz. La déforestation s’accentue, le désert gagne, et l’exode rural fait affluer des masses de malheureux dans les bidonvilles.

Constat 4 : pourtant il existe un moyen simple, n’usant pas de bois, préservant la forêt ou ce qu’il en reste, qu’on peut acheter (cher !) ou fabriquer avec des matériaux de récupération (vieilles tôles, vitres cassées, bois de récup) : le four solaire.


Principe : une boite en métal placée dans une boite en bois, avec un isolant quelconque entre les deux (laine, paille, copeaux, déchets de polystyrène …), on met la gamelle dans la boite, on ferme avec une vitre, et on place au dessus, de la boite une sorte de miroir (alu, vieux miroir) afin de concentrer les rayons du soleil dans la boite. Et ça chauffe. Pas très vite, mais ça chauffe. Parfait pour faire bouillir l’eau du riz ou mijoter, cuire à l’étouffée, etc. Pas terrible pour rissoler ou braiser, mais bon !

Combustion totalement écologique, sans effort et GRATUITE.


ET POURTANT, présenté à de multiples reprises, dans de multiples endroits, ça ne prend pas ! Les gens n’en veulent pas, sont méfiants … Arguments évoqués : la cuisine y est moins savoureuse, difficulté de préparer certains plats traditionnels, lenteur de la cuisson, impossibilité de cuisiner la nuit (et oui !). Mais surtout : « les gens n’ont pas l’habitude ».


Karim s’emporte « ne vaut t-il pas mieux manger, autrement, plutôt que crever de faim ? Si les gens ne veulent pas changer leurs habitudes, qu’ils le fassent au moins pour que leurs enfants : c’est leur avenir, pire, leur survie qui est en jeu » Il évoque l’idée d’ambassadeurs du four solaire, des personnes au sein d’une communauté utilisant le four et démontrant par l’exemple ses avantages.


Alors quelques pistes pour trouver des réponses et des solutions :

  • Il est primordial, avec un tel projet, de faire preuve de pédagogie (démagogie ?) afin d’amener petit à petit les futurs utilisateurs à s’approprier l’outils, un peu comme s’il venait d’eux, comme si c’était eux qui l’avaient inventé ou amélioré. Karim le sait.

  • La coutume, ça me parait un faux argument : combien de temps a t’il fallu pour que le téléphone portable envahisse des communautés entières où pourtant on manque de l’essentiel  (réponse : quelques mois !) ? Et même en cuisine : le bouillon cub Maggi est entré dans toutes les cuisines africaines, et quid du Coca ! …

  • La télé a envahi aussi les foyers africains, comme partout dans le monde. Les cybercafés pullulent aujourd’hui dans toutes les villes africaines.


Alors qu’est ce qui fait la différence avec le four solaire ? Il suffit de penser aux déboires du développement de l’énergie solaire en France : ce qui manque c’est : LA MARCHANDISATION et la PROPAGANDE. Il n’y a rien à gagner avec ce four solaire pour les multinationales … pas de marché à prendre et pas d’esprits à capter ! La firme Orange est présente partout en Afrique, le petit carré orange a détrôné le sigle Coca sur les murs et les camions, c’est dire ! Le jour où un Bill Gates trouvera comment nous faire avaler qu’il faut payer un forfait pour le Soleil qui brille au dessus de nos têtes, en six mois, les fours solaires deviendront la norme !

En Afrique aussi, la mondialisation … (à vous de trouver la suite de la phrase …)


J‘écourte là, il y a eu beaucoup d’autres thèmes abordés, riches aussi. Ce sera pour une prochaine fois …


A bientôt


Gilles.


(*)… quels sens donner à cette notion floue, et mal fagotée de « l’aide au développement » avec entre autres comme question, quelle aide, pour qui, pour quoi, et comment, et kesako du « développement ? » bref, à force de tout remettre en question, on finit petit à petit à y voir un peu plus clair : partir d’une révolte, la nôtre, ici, en France : est-il possible de laisser crever des millions de gens là bas alors qu’on se gave ici à en remplir nos poubelles ?... et aussi la leur là bas : qui sont-ils ceux là qui veulent tant nous venir en aide, et pourquoi  (dédouaner notre mauvaise conscience ? Accomplir l’acte de contrition nécessaire à la sauvegarde de notre âme ? Bronzer exotique, mais pas idiot ?...) et l’aide, n’est ce pas encore et aussi un peu du colonialisme ? Et ne devons nous pas nous aussi nous débarrasser de ce complexe du colon culpabilisé, tout comme les africains cesser de mettre tous leurs maux sur le dos de leur passé colonial ? toutes ces questions et bien d’autres encore que l’on a senti au cœur de la problématique de la plupart des (vraies) assoc. à vocation humanitaire présentes sur place (vraies, sincères, parce qu’il en existe d’autres beaucoup, qui ne se posent pas de question, qui foncent … et ça donne entres autres les dérives du style arche de zoé ou bien encore villas somptueuses et 4X4 flamboyants aux portes des bidonvilles, estampillés « ONG », ou bien aussi (et ça, ça nous guette …) monceaux de projets tombés à l’eau, pompes à eaux HS, puits inutilisables, matériel foutu ou inexploitable faute d’avoir su discerner au moment des choix l’indispensable de ce qui ne l’était pas, faute d’avoir pu trouver les mots ou d’avoir su ouvrir les oreilles …)


Bonjour A tous…
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